Le chagrin, Lionel Duroy

Lionel Duroy fait partie d’une fratrie de onze enfants, dont le premier est né en 1945.Le chagrin est son autobiographie, du mariage de ses parents à aujourd’hui, après la publication de Priez pour nous, un livre qui lui a valu la haine de ses frères et sœurs.

Je vous préviens tout de suite, je suis incapable de faire un billet disant que ce roman est génial, ou pas d’ailleurs. Non, ce “roman”, que j’ai du mal à qualifier ainsi bien qu’il ait été écrit, publié et vendu ainsi m’a juste agacée presque du début à la fin.

Pour vous raconter la petite histoire, sachez que je n’avais aucune intention de lire ce livre. J’ai vu Lionel Duroy à la grande librairie il y a quelques semaines, où il était invité pour parler de son dernier livre Colères. L’homme m’a paru complètement perturbé et je n’ai pas été plus intéressée que ça par la lecture de ses “romans”, sachant qu’ils étaient tous en rapport avec sa vie.

Pourquoi ai-je lu “Le chagrin” alors ? me demanderez-vous. Question tout à fait légitime d’ailleurs. Tout vient d’une cliente qui est venu acheter “Priez pour nous” après avoir lu “Le chagrin” et “Colères”. Elle était fascinée par le personnage et sa vie et les conséquences de ses écrits. Bon, c’est son droit. Mais quand elle m’a dit qu’elle pensait que j’étais trop jeune pour lire “Le chagrin”, j’ai tout de suite été plus intriguée.

Ok, je suis jeune, en tout cas plus qu’elle. Et je vous avoue que ce n’est pas la première fois qu’on me dit ça quand j’exprime mon ressenti vis à vis d’un bouquin que je n’aurai pas aimé. Alors, par défi, j’ai lu ce livre. Pour voir ce qu’il y avait de si complexe à comprendre dans le fait que Lionel Duroy a mal vécu son enfance et en veut à mort à sa mère.

Vu comment il dépeint sa mère, forcément, on a envie d’être d’accord avec lui. Mais ce que je comprends surtout c’est qu’effectivement, cet homme est plus que perturbé, je dirai même qu’il est torturé (comme la plupart des écrivains parait-il ;-)) et que, au beau milieu de sa fratrie de 10 enfants (un n’a pas survécu), avec une mère qui rêvait de Neuilly et de beau monde, alors qu’ils ont vécu dans la misère et que lui a été obligé d’abandonner l’école, il a malgré tout réussi à s’en sortir.

Suffisamment en tout cas pour tout nous raconter aujourd’hui, quitte à couper le cordon avec tout le reste de sa famille (après la publication de Priez pour nous”).

Ce que je comprends également c’est qu’il ait eu besoin d’écrire pour se libérer, pour analyser, pour comprendre lui même, pour s’en sortir.

Mais honnêtement, la vie de Lionel Duroy ne m’apporte rien. La lecture duChagrin, si elle ne m’a pas vraiment ennuyée, m’a au final profondément fait chier. Excusez-moi l’expression.

C’est sûr qu’à la lecture, on a tendance à vouloir prier pour lui. Mais pas une seule fois je n’ai pu prendre suffisamment de recul pour lire “Le chagrin” comme un roman. Je l’ai lu comme l’histoire d’un mec qui avait besoin de l’écrire. Chose que je comprends à 300%. Mais faire en sorte que la France entière puisse lire ses états d’âme, franchement, ça, je ne comprends pas.

Et je répète que si on ne m’avait pas dit “vous êtes trop jeune”, je ne l’aurai effectivement jamais lu, pour les mêmes raisons.

Evidemment, j’ai été un peu curieuse du contenu de Priez pour nous et de “Colères (je me souviens du billet de Fashion où elle nous dit simplement qu’elle relira cet auteur. Ça m’intrigue !), mais lire ces deux livres me paraît désormais être du voyeurisme.

Ne me demandez pas si ce livre est bien écrit, s’il mérite son “prix du roman d’émotion” décerné par Marie-Claire, si je le conseillerai… Ce n’est pas mal écrit. On ressent des choses à la lecture de ce roman c’est sûr. Si vous avez envie de le lire, je ne vois pas pourquoi vous ne le feriez pas. Et si vous n’avez pas envie, je n’ai aucun argument pour que vous ouvriez ce livre.

C’est l’histoire de Lionel Duroy, dans les moindres détails. A part son nom, qu’il change. Pourquoi ? C’est bien la seule question que je lui poserai si j’étais amené à discuter avec lui de son roman. Et pour la petite anecdote, je ne me suis rendue compte qu’au 3/4 du livre qu’il avait aussi changé son nom de famille. Comme quoi, je n’étais pas forcément très intéressée par ce que je lisais !! 🙂

Je crois qu’il y a beaucoup d’avis sur la blogosphère, en général bien plus positif que le mien (suis-je trop jeune donc pour ne pas avoir su apprécier ce roman toutes les émotions que dégagent ce “roman” ???) : Pimprenelle, Lily, Céleste, leslivresdeSophie

Published in: on 15/05/2011 at 10:43 AM  Comments (14)  

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14 CommentsLeave a comment

  1. Voilà en effet un avis un peu différent des autres, mais bien justifié et modéré.
    Comme quoi il y a beaucoup de différences de point de vue entre lecteurs, et heureusement !

    • j’avoue que ton commentaire me soulage un peu, j’avais peur d’avoir été un peu trop catégorique…

  2. wow, quelle virulence! pour ma part, j’ai bcp aimé ce livre, qui m’a bouleversé pour des raisons perso et que j’ai lu avec grand plaisir. Je sais que bcp de personnes qui n’ont pas aimé ce livre ont évoqué le voyeurisme ainsi que leur incompréhension devant ce nvl opus de “Priez pour nous” mais ce n’est pas ça qui m’a intéressé donc je suis passée au-dessus de tout ça et j’ai plutôt focalisé sur le noyau familial et son implosion et aliénation. C’est vrai que Lionel Duroy semble ne pas vouloir s’arrêter d’écrire et de perdre petit à petit des membres de sa famille mais bon, c’est son choix ou son tourment et on ne peut que le respecter et en même temps se demander s’il ne se dirige pas vers un exil irrémédiable de la famille, y compris celle qu’il s’est créé.

    • Je comprends totalement son choix et je le respecte, même si j’ai du mal à comprendre qu’on puisse vouloir autant aller au bout des choses au risque de se faire tabasser par ses frères et soeurs à l’enterrement de son père… Mais ça, c’est un avis personnel sur une décision personnelle. Mon billet et mon ressenti de cette lecture repose principalement sur un aspect “littéraire”. J’étais intéressée par l’aspect “roman” de ce… roman donc. Et je n’ai vu nul part un aspect romanesque, d’où cette virulence que tu as ressenti dans mes propos (et qui doit bien exister même si j’ai essayé de modérer mes propos car après tout, je l’ai lu jusqu’au bout, ça compte quand même pour un bouquin de 800 pages!)

  3. On parle en ce moment même de son nouveau au Masque et la Plume… Le chagrin avait bouleversé les critiques de l’émission l’an dernier, je m’en souviens encore.

    • j’ai entendu un bout de cet émission en effet. En tout cas, c’est sûr qu’il ne laisse pas indifférent !

  4. Je l’ai noté depuis longtemps… j’attends qu’il soit dispo à la biblio pour me faire mon propre avis.

  5. J’ai aimé les 3/4 du roman. Dès qu’il s’est mis à travailler et qu’il commençait à avoir des propos politique, j’ai décroché. Par contre toute la partie enfance et adolescence m’a beaucoup plue 🙂

    • Ah tu vois, les propos politiques m’ont plutôt intéressée pour ma part !

  6. J’ai aimé “Colères” (pas de billet mais j’ai écrit une critique pour L’Express, que je vais du coup peut-être mettre en ligne sur mon blog) parce que ce roman a touché en moi des choses personnelles, ce qui m’arrive rarement, je suis bien souvent dans la lecture analytique, rarement dans l’empathie. Il y a quelque chose chez cet homme, dans sa façon d’appréhender le monde, qui me ressemble. Et je ne pense pas que ce soit une question d’âge mais de personnalité.

    • J’ai lu ton billet, merciiii !!!!! 🙂

  7. il m’attend dans ma PAL …

  8. Que je te comprends, j’ai détesté Colères, et je suis même incapable de dire s’il est bien écrit ! Cet homme qui se complaît dans son malheur : j’ai même l’impression qu’il le crée lui-même pour pouvoir ensuite écrire dessus : une sorte de cercle vicieux. Beurk

    • je suis contente de voir que je ne suis pas la seule ! ça a quand même été encensé par la critique !


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