Underworld USA, James Ellroy

“Underworld USA” est le premier Ellroy que je lis. Et je peux d’emblée vous dire que je n’ai pas été déçue.

Troisième volet d’une trilogie historique sur l’histoire des Etats-Unis, Underworld USA commence juste après l’assassinat de Martin “Lucifer” King et de Robert Kennedy.

Tout commence lors d’une attaque d’un fourgon blindé à Los Angeles, en février 1964. Trois convoyeurs morts, quatre braqueurs sont retrouvés calcinés et donc, inidentifiables et le camion a pris la fuite, avec une sacrée somme et des mallettes remplies d’emeraudes. Trahis par l’un des leurs, donc. Quatre ans plus tard, on débarque dans un “bordel organisé”, pendant la campagne présidentielle entre Nixon et Humpfrey. Howard Hughes, richissime, drogué et raciste finance Nixon. Egar Hoover, patron du FBI, est bien décidé à faire tomber les noirs.

Dwight Holly est son bras droit. Wayne, un ami de longue date, se fait engager par Howard Hughes. Un jeune dénommé Crutch arrive dans l’histoire et va être mêlé à toute cette histoire, découvrir plein de choses qu’il n’aurait pas du, va se rendre en République Dominicaine avec un français, Mesplède là où Wayne fait construire des casinos.

A côté de ça, il y a Karen, jeune maman enceinte et maîtresse de Dwight. Il y a l’informatrice de Dwight et ami de Karen, Joan. Il y Celia/Gretchen qui a disparu et qui est au centre de toute cette histoire. Il y a aussi Mme Hazzard, une noire dont le fils a disparu et que Wayne lui a promis de retrouver.

Et toute une autre galerie de personnages : Scotty Bennett, flic qui arbore sur son noeud papillon le nombre de noirs tués, Marsh Bowen, ex-futur flic du LAPD, embauché par le FBI pour infiltrer les gangs des noirs. Et finalement, tout le roman va s’articulier autour de ce braquage et c’est absolument génial de voir comment tout et tout le monde y revient sans cesse.

Je résume très très mal ce roman/polar historique. Je trouve que cet “Underworld USA” est quelque chose de monumental. Premièrement c’est très bien traduit. C’est une écriture particulière, des chapitres pas très longs, des phrases simples, des retranscriptions de journaux intimes et de conversations téléphonique. C’est simple et dense et ça marche.

On rentre tout de suite dans cette ambiance de complot, d’histoire de corruption de la politique américaine entre 1968 et 1972.

La ré-ecriture de l’histoire américaine par Ellroy a quelque chose de vraiment intéressant… à la fois pour tous les complots qu’il imagine, mais surtout pour la part que les femmes ont dans ce roman. Les femmes sont les plus fortes. Les femmes réussissent. Les femmes tiennent les ficelles. Et tous les hommes sont amoureux d’elles.

Crutch, ce jeune détective de 23 ans qui s’est fait virer du lycée pour avoir pris en photo les parties intimes d’une de ses camarades est obsedée par les femmes, et uniquement les plus âgées. Dwight Holly, bras droit armé du FBI, est l’amant de Karen qui fait sauter des monuments sans que jamais personne ne meure, pour la cause. Il devient aussi l’amant de Joan, femme complètement radicalisée. Et ces femmes vont le faire changer. Lui et les autres aussi.

En fait, il y a tellement de choses dans ce roman (que je n’arrive pas à appeler “polar”, malgré le fait qu’il soit édité dans la collection Thriller de chez Rivages et malgré le fait qu’il y ait un certain suspens) que ça en devient très difficile d’en parler. Surtout pour moi qui n’ait pas forcément l’habitude de lire le “grand” Ellroy. D’ailleurs, et bizarrement, je ne pense pas me pencher spécialement sur American Tabloid et American Death trip, les deux premiers volets de la trilogie, plus fouillés et encore plus denses d’après ce que j’ai compris. Par contre, je n’hésiterai pas à lire le quartet qu’il sera en train d’écrire en janvier 2039 ! 😉

Sachez simplement que pour moi, c’est un monument.

A lire absolument.

A découvrir si on n’a pas froid aux yeux.

Pierre faverolle a écrit un excellent billet sur ce bouquin. Sur le blog moisson noire vous pouvez retrouver à la fois un compte-rendu de la lecture faite au théâtre du rond point le lundi 11 janvier, un billet sur “Underworld USA” et aussi un billet sur les deux premiers volets de la trilogie.

Et grâce à Yspaddaden, vous pouvez regarder Ellroy à la radio ! 🙂

The URI to TrackBack this entry is: https://laouleslivressontchezeux.wordpress.com/2010/01/25/underworld-usa-james-ellroy-2/trackback/

RSS feed for comments on this post.

18 CommentsLeave a comment

  1. J’ai les 2 premiers dans ma PAL et compte bien acheter celui-ci aussi 🙂

    • autant lire les deux premiers avant de l’acheter si tu les as sous la main ! mais je répète (et c’est confirmé) que le style de ce 3è volet et très différent, et plus accessible. Donc si par hasard tu n’aimais pas le premier, ce n’est pas une raison pour ne pas ouvrir le 3è ! 🙂

  2. J’ai vu Ellroy dans la “Grande librairie” hier et j’avoue que j’avais un avis un peu mitigé… Ton billet pourrait bien tout remettre en question!

    • je pense que James Ellroy qui passe à la télé et James Ellroy qui écrit sont deux personnes bien différentes. Le James Ellroy qui joue son show s’efface complètement pour devenir un grand écrivain.

  3. Merci pour le lien. Tu as raison, c’est un monument. Plus accessible que les autres au niveau du style. Pour les articles sur le sujet, je te conseille celui de Jean Marc, qui est excellentissime :
    http://actu-du-noir.over-blog.com/article-james-ellroy-underworld-usa-42549337.html

    • merci pour le lien !

  4. J’ai essayé de voir tout ce qui pouvait être vu à l’occasion de la venue d’Ellroy en France, il me reste des articles à lire. Ce type me met mal à l’aise. Ce que j’ai lu de lui m’a beaucoup plu, mais l’entendre dire qu’il est de droite, qu’il croit en Dieu et que les époux Rozenberg étaient coupables : ouch ! Il y a de l’humour là-dedans, j’entends bien, mais jusqu’où ? Cela dit, pas besoin d’aimer l’auteur pour apprécier les livres, c’est que lui est quasi une légende, qu’il m’intéresse et complexe comme il est, il attise ma curiosité…

    • je comprends tout à fait ce que tu veux dire, et tu as bien raison de dire que pas besoin d’aimer l’auteur pour apprécier les livres. C’est vrai que c’est un personnage complexe qui joue un rôle, on adhère ou pas, on aime ou pas, mais ça ne remet pas en cause qu’il écrit de très bonnes choses (pour moi, mais a priori, je ne suis pas la seule de cet avis :-))

  5. J’ai eu une grande période Ellroy à l’époque de sa tétralogie de Los Angeles, puis j’ai buté sur American Tabloid, pas facile du tout à lire, qui se déroule pendant la présidence de Kennedy (la mafia, Cuba, etc).Du coup j’ai un peu laissé tomber Ellroy, mais ton billet me fait quand même très envie…

    • Oui, ce troisième volet est vraiment plus accessible au niveau du style, alors tu pourrais peut être essayer !

  6. J’ai lu Ellroy dans les années 80, j’en suis écoeuré !
    toujours les mêmes ficelles…
    quoique il est changé de thèmes, en devenant historique, je ne suis toujours pas pret pour cet auteur

    • Je n’ai jamais rien lu d’autre alors je ne peux pas vraiment t’aider…

  7. Et dire que moi je retiens en otage depuis des semaines chez moi un de ses romans qui voyage grâce à la chaîne des livres… Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à l’ouvrir.
    Tiens, je ne sais pas si tu as vu mais il est passé il y a 15 jours à La grande librairie sur la 5.

    • je n’ai pas la télé mais oui, je savais qu’il était à la grande librairie. C’est pas grave de l’avoir raté puisque je l’ai vu en vrai de vrai au théâtre du rond point 🙂 Notre exemplaire est dédicacé en plus maintenant 😉

      • Moi non plus je n’ai pas la télé, ça ne m’empêche pas de regarder “La Grande librairie” sur Internet toutes les semaines !

      • oui c’est vrai que je n’y pense jamais… !

  8. Bonsoir, j’ai découvert J. Ellroy dès ses premiers romans avec l’inspecteur Lloyd Hopkins: très bien. J’ai aussi lu Un tueur sur la route et le Dahlia Noir. Après, j’ai laissé un peu tomber. Je me suis quand même décidé avec ce “Underworld USA”, roman foisonnant, un peu peu épuisant à lire mais en effet très bien construit. Il faut s’habituer à son style (chapeau la traduction). Je ne regrette pas mes 15 jours de lecture en compagnie de Crutch, Dwight et tous les autres. Bonne soirée.

    • Je suis bien d’accord avec toi, surtout pour le “chapeau la traduction” ! 🙂


Leave a comment