Laguna Nostra, Dominique Muller

Alvise Campana est le plus jeune comissaire de Venise. Il vit avec sa femme Chiara dans un palazzo séparé en plusieurs appartements pour le reste de sa famille : ses oncles, Igor et Boris deux frères jumeaux qui n’ont jamais vu leur père ni la Russie, et sa soeur cadette, la narratrice.

Cette dernière est historienne de l’art, ou plutôt obsédée par les plafonds peints. Mais elle aime son frère et le déteste et ne peut s’empêcher de se mêler de ses affaires. Donc, quand un cadavre est repêché égorgé dans la lagune et qu’en plus, l’oncle Boris devait marchander avec cet homme-là autour d’un tableau, Mizzi (dont le vrai prénom “Artemisia” (qui n’apparaît qu’une fois ou deux dans le roman) est celui d’une peintre de l’école caravagesque, ai-je appris en farfouillant un peu sur le Caravage (dont il est beaucoup question, comme vous allez le constater)) va se joindre à l’enquête.

Mon résumé se cantonne au côté polar de cette Laguna Nostra. La 4è de couverture reprend les divers éléments de l’enquête qui finissent par se recouper. Mais rien de tout ça ne dit que ce polar, puisque c’en est un, est un roman d’art vénitien. Un roman très cultivé et plutôt érudit qui ne rend pas forcément la lecture facile d’accès.

En effet, quand j’ai ouvert ce livre, je n’avais pas pris la peine de savoir de quoi il s’agissait si ce n’est d’un polar à Venise. C’est cette dernière bien sûr qui retenait mon attention. Je lisais donc avec attention, doucement, m’étonnant et m’énervant de toutes ces références artistiques. Ce fut une bien belle coïncidence que d’être allé au Louvre le matin même (endroit où je n’avais pas mis les pieds depuis bien 15 ans, sauf pour aller voir l’expo sur Titien en septembre, juste avant d’aller à Venise donc!) car j’avais au moins vu deux tableaux mentionnés dans les cinquantes premières pages. Une autre belle coïncidence de me cultiver un peu sur l’histoire de l’art ces derniers jours (c’est une longue histoire, j’y reviendrai peut-être un jour!) et de savoir donc à peu près de qui et de quoi il s’agissait lorsqu’était mentionné certains tableaux, des oeuvres d’art exposées dans les musées vénitiens etc..

Bon, c’est intéressant et beau tout ça mais la soeur du comissaire ne cesse de tout ramener à l’art, de tout comparaître à l’art. A tel point qu’en refermant le livre, j’ai rêvé de Caravage ! Parce que son tableau “Judith et Holopherne” (dont la sublime Judith orne la couverture d’un superbe livre chez Taschen paru pour les fêtes à 100 euros (désolée je m’égare!)) est au centre de l’enquête. En tout cas, la narratrice et ses oncles n’abordent l’enquête et leur propre vie en fait, qu’à travers les tableaux. Ils comprennent la vie et le chemin à suivre grâce à ces tableaux.

Parce que si dans “Seule Venise” je me suis promenée dans les rues désertes de la Sérénissime., avec Dominique Muller, j’ai eu le droit à tout un panorama des artistes vénitiens, de la Renaissance principalement. (mais pas que…)

Après ma première partie de lecture, j’ai dit à mon chéri “oui c’est bien mais c’est un style très particulier, c’est….” Incapable de lui trouver un adjectif, mon chéri a fini ma phrase parfaitement : “C’est très écrit, c’est un style soutenu”. “Exactement!!” “Mais tu sais qu’elle faisait partie des papous dans la tête ?”

Eh bah non. Je ne savais pas. C’est pourtant écrit sur la 4è mais comme je le disais plus haut, je n’ai pas pris la peine de lire celle-ci. Voilà toute l’explication. Ce n’est pas une auteure de polar. C’est une papou qui vit à Venise et qui signe là un très bon roman, un roman excellent même. Plein de références culturelles et dont l’enquête va finalement trouver des ficelles qui servent à dénoncer le trafic d’enfants. Mais pour la partie polar, j’avoue qu’il n’y a rien d’extraordinaire (sauf le retournement de situation de la fin qu’on aurait pu voir venir si on avait fait attention uniquement aux indices mais là n’est pas du tout l’intérêt de ce livre).

J’ai beaucoup écrit pour dire quelque chose qui tient en quelques mots (cinq pour être précise) : Très bon roman, polar moyen.

Et pour vos yeux, voici le tableau de Caravage dont il est question :

Published in: on 01/02/2010 at 6:41 AM  Comments (13)  

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13 CommentsLeave a comment

  1. Ce sera le plus d’un Ipad, lire un livre an ayant en quelques clics accès à la vue d’un tableau, d’une carte, ou autre recherches
    je note tout de même ce roman-polar ou polar-roman

    • oui, c’est le côté positif de l’Ipad, en effet !

  2. S’il y a de l’art et des tableaux… comment résiter, même si le côté polar est moyen. Anyway, je devine toujours tout tout tout dans les polars!

    • si tu le liens, je VEUX savoir si tu devines la fin avant la fin 😉 parce que mine de rien, je n’y avais pas pensé du tout (j’étais prise par autre chose mais quand même)

  3. J’adore le Caravage. Je suis donc très tentée par ce roman et puis j’adore les polars même si ils sont moyens sur l’intrigue du moment qu’il y a une atmosphère particulière, ce qui a l’air d’être le cas ici.

    • j’aime beaucoup aussi Caravage mais il n’est pas le seul peintre mentionné dans ce roman ! c’est juste celui qui m’a le plus marquée (même si oui, elle en parle beaucoup). Bref…

  4. Dans le genre policier à Venise, il y a la série de Donna Leon mettant en scène le commissaire Brunetti, j’aime beaucoup: les personnages, mais aussi l’ambiance de la ville, qui est vraiment bien rendue je trouve. Je ne suis jamais allée à Venise, mais les romans sont très évocateur et se passent dans la ville “cachée”, plu ordinaire, pas forcément fréquentée des touristes.

    • J’ai lu un seul donna leon qui ne m’a pas vraiment plu. Du coup, je n’ai pas vraiment envie de m’y replonger…

  5. Je le note car j’ai envie d’une ballade culturelle à Venise !!!

    • ça va te plaire alors !

  6. mon libraire m’a conseillé d’acheter ce roman au lieu de Quai des enfers, et je l’en remercie après avoir lu l’un et l’autre.
    Laguna nostra est remarquable, bat de loin Donna Leon que pourtant j’aime énormément, dans l’évocation de va venise des initiés et non des touristes; Et cette confrontatio permanente entre les crimes et les oeuvres d’art, le pittoresque de cette famille Campana est uhe réussite. Le livre que tout auteur de polar aurait aimé écrire.

    • Je n’ai pas lu “quai des enfers” alors je ne peux pas dire si tu as bien fait ou pas de suivre les conseils de ton libraire mais c’est vrai que ce Laguna nostra est un excellent roman, avec une Venise sublime….

  7. mon libraire m’a conseillé d’acheter ce roman au lieu de Quai des enfers, et je l’en remercie après avoir lu l’un et l’autre.
    Laguna nostra est remarquable, bat de loin Donna Leon que pourtant j’aime énormément, dans l’évocation de la Venise des initiés et non des touristes; Et cette confrontation permanente entre les crimes et les oeuvres d’art, le pittoresque de cette famille Campana est uhe réussite. Le livre que tout auteur de polar aurait aimé écrire.


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